Lors de la dernière bataille des tranchées en 1918, Edouard Péricourt (Nahuel Perez Biscayart) a le bas du visage détruit. Soutenu par son ami Albert Maillard (Albert Dupontel) qui se sent quelque peu redevable, Édouard se relève peu à peu. Il est également aidé par Louise (Héloïse Balster) une gamine qui lui sert de traducteur. Outre se construire des masques pour dissimuler son infirmité (et exprimer ses sentiments), Édouard est aussi un remarquable dessinateur. Il décide d’user de ses talents pour mettre en place une arnaque aux monuments aux morts entraînant avec lui Albert. La tromperie va les mener à croiser la route de Marcel (Niels Arestrup), père d’Édouard (le croyant décédé) et à retrouver Pradelle (Laurent Lafitte) qui fut leur lieutenant.
Le film d’Albert Dupontel, tiré du roman à succès de Pierre Lemaitre (dont il serait très fidèle) m’a conduit dans un récit inattendu, car très différent de ce que la bande-annonce très envolée nous laisse accroire. Pas de folie omniprésente, pas d’utilisation des masques pour monter l’arnaque, pas de rythme balancé.
Au revoir là-haut est un drame à plusieurs niveaux. Bien sûr celui d’Édouard défiguré qui souhaiterait tout d’abord mourir avant de chercher à s’accomplir. Mais c’est aussi celui d’une relation père-fils brisée depuis l’enfance par une rigidité, une froideur et une non-reconnaissance de la part d’un paternel dur. C’est également le drame d’un ami (Albert) qui paye une dette quitte à tout perdre, y compris sa propre vie. Enfin c’est le drame de la guerre et de la bêtise de celle-ci et de certains officiers.
Justement, parlons un peu de Lieutenant Pradelle. Laurent Lafitte incarne cet ignoble personnage avec une justesse perfide, puisque l’on pourrait presque lui donner le Bon Dieu sans confession, tellement il est faux-cul.
L’histoire écrite par Pierre Lemaitre (rendons à César…) est non seulement belle et touchante, mais non dénuée d’humour. La mise en scène par Dupontel lui apporte un écrin en adéquation avec l’atmosphère rétro, l’image y apporte la poésie, le montage lui offre une rythmique appropriée.
Ajoutons des acteurs justes. J’ai déjà parlé de Laurent Lafitte, mais il faut premièrement saluer Nahuel Perez Biscayart qui arrive à exprimer les sentiments de son personnage à travers ses postures et son regard, faute de visage. Michel Vuillermoz (Joseph Merlin) apporte sa spécificité caricaturale, Mélanie Thierry (Pauline) son charme et Héloïse Balster une touche de fraîcheur et d’innocence. Quant à Dupontel, tout en restant lui-même, il se pose agréablement dans ce film en un personnage plus calme et plus réfléchi que d’habitude.
Bref, hormis une histoire et un traitement autre que ceux auxquels je m’attendais, Au revoir là-haut, m’a séduit et touché.
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