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LE DIEU OISEAU, une roman haletant

Sur cette île qui vit des Temps Difficiles, tous les dix ans, chacun des dix clans sélectionne son champion qui devra affronter les champions des autres tribus afin de rapporter le trophée divin, un œuf en or. L’enjeu est de taille puisqu’outre régénérer la lumière, elle donne au clan du vainqueur la toute-puissance sur les autres pour la prochaine décennie. La victoire se complète de la cérémonie du Banquet durant laquelle les vainqueurs bénis par le Dieu Oiseau peuvent faire tout subir aux autres tribus : vol, viol, esclavage, mais aussi les tuer et même le dévorer.

Il y a 10 ans, pour la seconde fois consécutive c’est le Bras de Fer qui a vaincu. Faolan, du clan de la Horgne a survécu au massacre de sa famille en devenant l’esclave de Torok, fils du chef des Bras de Fer. Le tournoi approche et malgré un manque d’’entraînement, tout comme son maître, Faolan compte y participer. Tout homme ou femme, même esclave peut tenter sa chance aux éliminatoires. Faolan c’est que si Torok vainc, il sera son sacrifice rituel et Torok lui dévorera le cœur. De sa victoire dépend sa survie, mais aussi sa vengeance e t peut-être le destin de l’île entière.

 

Une fois encore, Aurélie Wellenstein prête sa plume et son imaginaire à un récit remarquable. Loin de parcourir des sentiers battus en décrivant banalement une série d’épreuves, elle construit un texte épique et haletant de bout en bout. Seule la fatigue (et quelques impératifs) m’a fait lâcher ce roman lu en quelques jours. Dès le départ, elle nous accroche avec ce personnage qui a la volonté de vaincre, mais peut-être pas le physique suffisant sauf si la chance lui sourit et qu’il tire aux éliminatoires la bonne épreuve pour lui (sur 5 possibles), celles des animaux… Encore faut-il que le destin – ou le Dieu oiseau – lui soit favorable et rien n’est moins sûr dans les œuvres d’Aurélie qui n’hésite pas à frapper ses héros.

Mieux encore, elle nous fait pénétrer dans les tourments psychologiques de Faolan. Il a été humilié, frappé, torturé physiquement et psychologiquement par Torok. Son maître a tenté de réduire en miettes la personnalité et la force de Faolan qui n’a su se sauvegarder qu’en s’isolant mentalement, se raccrochant à ce seul espoir : gagner le tournoi. Si cette pensée lui a permis de tout endurer et de survivre, elle ne l’a pas empêché de le lier, peut-être à jamais, à son tortionnaire en un syndrome de Stockholm entre haine et amour. Les instants sont forts et les brisures telles le rejet du contact sont parfaitement évoquées par l’autrice. (Faolan résonne en moi comme l’écho de Fabian personnage de mes romans du Cycle de L’Eveil).

Le fantastique émerge peu à peu dans le récit, telles des touches qui frappent Faolan entre perplexité et incompréhension, peur et fascination, construisant la pensée du concurrent et guidant ses choix et ses décisions.

Car l’enjeu est bien là. Qui va triompher ? La haine et la violence ? Le pardon et l’espoir ? La victime va-t-elle devenir à son tour tortionnaire ou va telle rompre le cercle de sang ? Entre les mains d’Aurélie Wellenstein rien n’est moins sûr ; elle souffle le chaud (à vous brûler les entrailles) et le froid (à vous geler les neurones) jusqu’aux dernières pages.

Enfin Le dieu oiseau peut être vu aussi comme une parabole de notre planète qui, comme l’a dit Albert Jacquard, est un monde fini au même titre que l’île de ce peuple aux connotations mayas. L’autrice le soulignera en fin de récit.

 

Encore un magnifique livre d’Aurélie Wellenstein que j’ai vraiment adoré plus encore que le Roi des Fauves que j’avais déjà fort apprécié. Vous ne pouvez pas passer à côté.

Toujours aux éditions Scrinéo.

LE DIEU OISEAU, une roman haletant

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Tag(s) : #Chronique Littérature
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