Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

MIDSOMMAR, une communauté et un film à éviter

Dani (Florence Pugh) l’ignore, mais sa relation avec Christian (Jack Reynor) bat de l’aile, celui-ci hésitant depuis pas mal de temps à rompre. Une tragédie familiale frappe alors Dani, remettant à plus tard la décision de Christian ; il décide même de lui proposer de ses joindre à sa bande de copains pour un voyage en Suède. Au départ, lui et 2 autres camarades ont été invité par un quatrième larron, Pelle (Vilhelm Blomgren) a une fête de « famille », vaste cérémoniel présenté comme n’ayant lieu que tous les 90 ans (??).

Les 5 jeunes débarquent en pleine campagne suédoise, éloigné de toute grande ville et sans connections (bien sûr) dans une communauté que Pelle considère effectivement comme sa famille...

 

Midsommar

 

Film étiqueté « horreur – épouvante » et aux critiques presses globalement excellentes, il peut attirer l’œil. Tient pourquoi pas essayer ? Et nous voilà parti pour 2h27 de cauchemar… au mauvais sens du terme : ce qu’il m’a ennuyé. Ce film n’est d’ailleurs clairement pas de l’épouvante, ni de l’horreur, même si certaines scènes peuvent choquer.

 

Le début (tant que l’on est en Amérique durant environ 20 mn) est raisonnablement passable, mais dès que l’on arrive en Suède, le film devient passablement lent, barbant et très souvent surréaliste même si j’admets que, sur ce dernier point, cela sert le propos sous-jacent du film.

 

C’est déjà relativement mal-joué, seul Vilhelm Blomgren arrive a être convaincant dans son rôle ambigu, ainsi que Ellora Torchia (Connie) que l’on ne voit que peu. Les deux acteurs principaux sont inégaux durant le film, mais il faut bien avouer que le scénario les met des situations incongrus.

 

Midsommar

 

Le problème majeur est qu’aucun des personnages n’est réellement crédible dans ses réactions (hors les membres de la communauté). Mark (Will Poulter) est inexistant voire inutile et Josh (William Jackson Harper) n’est guère plus intéressant complètement tourné vers sa thèse quoi qu’il se passe.

A aucun moment, un des  Américains ne s’interroge sur le mode de vie de cette communauté, c’est à peine s’ils réagissent lors du seul moment vraiment horrifique du film, contrairement au couple anglais invité lui-aussi. Aucun ne trouve le mode de vie de la communauté décalé, arriéré. Ils ne la critiquent pas (même entre eux), n’en rient pas… bref c’est comme si tout cela était normal. Impossible d’adhérer à des personnages si aréactifs.

Quant à la dépression post-traumatique de Dani, le lien n’est guère fait avec son ressenti et son comportement dans la communauté même si le spectateur - a posteriori - peut se dire qu’elle est plus fragile, donc plus influençable. La robe à fleur reste quand même ridicule.

 

Midsommar

 

Ari Aster (scénariste et metteur en scène) emprunte largement à l’imagerie nordique, tel l’alphabet futhark (dont j’use également dans mes romans du Cycle de l’Eveil) ou le rite de l’Aigle de sang (une scène très brève non explicité), mais aussi à l’imagerie druidique ou plutôt néo druidique, sans que la communauté n’y fasse – hélas - réellement référence, ni même vraiment nos étudiants.

 

Midsommar

 

Je vais essayer de parler de l’horrifique sans vous divulgacher (spoiler). La scène majeure du film, qui marque un tournant dans la situation (tournant néanmoins attendu par le spectateur – pas par les protagonistes) est celle centrée sur les deux « patriarches » de la communauté. Nous voyons bien le drame se jouer pas à pas. La violence est réelle… Maintenant à y regarder de plus près – ce à quoi nous invite la caméra – le « maquillage » fait tellement factice que je n’y ai vu que du latex partiellement coloré, rendant la post-scène plutôt ridicule. Il en va de même sur les épisodes horrifiques de la fin qui font tout aussi faux et même ridicules, s’accumulant après une scène « sexe » qui ne peut que prêter à rire. A ce stade du film, il faut dire que j’étais tellement lassé que plus rien ne pouvait me parler.

 

Midsommar

 

Cependant, il me semble que l’horrifique est à chercher ailleurs que dans les scènes suscités qui frôlent très souvent le raté.

Ce qui est humainement terrifiant dans Midsomar, c’est cette communauté. Je ne parle même pas de leurs rituels sanglants, mais belle est bien de leur aliénation mentale à une foi, embrigadant au sein de leur groupe les enfants nés en leur sein et quelques autres personnes fragilisés et influençables. Oui nous parlons bien d’une secte avec quelques-unes des caractéristiques générales de ces engeances : isolement (sauf durant une courte période), liens communautaires, rejets de la propriétés et des biens matériels, séparations des groupes (ici d’âges), seul un livre sacré* comme source de savoir et de foi, auxquels nous pouvons rajouter dans ce cas, le rejet d’une grande part de la technologie.

Effrayant comme dans un certain contexte, il est possible de s’aliéner à une telle secte, sans remettre une seconde en question son mode de vie, son mode de pensée, sa foi ou ses pratiques.

* Livre sacré qui d’ailleurs dénonce indirectement les autres livres de la Foi de part sa création qui dérive de l’interprétation par les sages (érudits… apôtres…) de signes abscons transmis par une personne innocente…

 

Midsommar

 

J’ose espérer que Midsomar a pour seul but (ou au moins celui-ci) de dénoncer les sectes, sinon c’est plus qu’un raté. Après, il me semble, qu’en dehors de tout film expérimental ou simplement innovant, il est possible de traiter le même sujet, sans s’échapper dans une ambiance tellement hallucinogène que le spectateur lambda ne peut que passer à côté d’un film apprécié par une critique professionnel un peu trop intellectuel, à moins que ce soit juste parce qu'il s'agit de leu nouveau chouchou Ari Ater. Il est aussi possible que je sois passer totalement à côté du film...

 

Notons tout de même quelques beaux plans comme l’arrivée renversante des jeunes en voiture prêt du site de la communauté. Sans doute une manière de dire que nous passons dans « une autre réalité ».

 

Midsommar

 

Vous l’aurez compris, je n’ai pas aimé ce film. Certes le propos sous-jacent est intéressant, mais l’ensemble a tellement de défauts, de délires new-age, de manques de crédibilité que le sujet se noie dans la lassitude et le ridicule.

MIDSOMMAR, une communauté et un film à éviter
Tag(s) : #Chronique Cinéma
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :