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UN SAC DE BILLES

Après l’adaptation de 1975 par Jacques Doillon, Un sac de billes est la seconde adaptation du récit autobiographique éponyme et premier roman de Joseph Joffo (1931) paru en 1973, que la plupart d’entre nous à au moins survolé dans sa jeunesse puisqu’il est souvent un livre scolaire. Notons que Joseph Joffo a émis quelques réserves sur la première adaptation qui ne mettait que peu en valeur son père, ce qui n’est pas le cas dans cette nouvelle version de Christian Duguay (également un des nombreux scénaristes et dialoguistes du film).

 

 

Le film nous replonge dans l’une des plus sinistres périodes de notre histoire : la seconde Guerre mondiale et plus précisément la menace pesant sur les Juifs, et plus particulièrement ici sur les juifs de France menacés d’une mortelle déportation.

 

 

Nous sommes en 1941 et face au danger, Roman (Patrick Bruel) et Anna (Elsa Zylberstein) décident de fuir en zone libre. Afin de ne pas se faire remarquer la famille se sépare, les parents d’un côté, les deux aînés d’un autre et enfin les deux plus jeunes, bénéficiant de l’innocence présumée de leur âge iront seuls.

 

 

C’est ainsi que nous suivons Joseph (Dorian Le Clech) et Maurice (Batyste Fleurial) dans un premier périple parfois dur, parfois plus léger vers le Sud, puis dans une seconde épreuve lorsque la zone libre est envahie et qu’ils doivent à nouveau se séparer des leurs.

 

 

Leur courage mais aussi souvent la chance de tomber sur les bonnes personnes mènera les deux enfants d’un bout à l’autre de la guerre. Leur amour fraternel et leur soutien réciproque et permanent font partie de cette force qui leur permettra de surmonter les difficultés et les menaces dont l’acharnement inhumain d’un officier allemand, voulant à tout prix démontrer qu’ils sont juifs. Joseph survit bien sûr puisqu’il écrira le roman de sa vie.

 

 

Le scénario bénéficie de la présence de très bons acteurs dans des rôles secondaires tels Bernard Campan (le collaborateur Ambroise Mancelier) ou Christian Clavier (Docteur Rosen) qui pour une fois – et heureusement - ne nous fait pas du Jacquouille. Notons aussi Kev Adams dont le rôle de Ferdinand (moins détaillé que dans le livre) qui m’a surpris par sa capacité à jouer un personnage sérieux, très éloigné de son image de Soda ou de comique.

 

 

Bien entendu il ne faut pas oublier les deux jeunes acteurs Dorian Le Clech (son premier rôle) et plus encore Batyste Fleurial (17 ans acteur depuis 5 ans) entre la sensibilité de leur âge et la dureté des situations. Tous deux sont très prometteurs.

Plus léger à un certain moment quand Joseph dit lui-même « que nous avions presque oublié que nous étions poursuivis », le film s’articule autour de moments forts qui, de par leur réalité n’en sont que plus touchants. Une réalité passée, mais qui rappelons-le reste, hélas, d’actualité aujourd’hui. La fuite de ces deux gamins ne peut que nous renvoyer à celles des migrants tentant d’échapper aux affres de la guerre.

 

 

Magnifiquement joué, balayant l’espèce humaine des résistants aux collaborateurs, en passant par les profiteurs et les neutres, Un sac de billes sait équilibrer les scènes et les sentiments, sans tomber dans la sensiblerie.

 

 

Un très beau film, un très bon livre également (plus dense), un impératif de mémoire à voir, forcément.

UN SAC DE BILLES
Tag(s) : #Chronique Cinéma
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