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LA PLATEFORME : un film, des interprétations.

Faute de pouvoirs aller au cinéma, il nous reste quelques films en VOD, mais aussi des films originaux et des séries sur des chaînes payantes type Netflix, Amazon prim ou Disney +. Donc bienvenue à eux dans cette chronique cinéma désormais élargie.

 

Pour cette première, il s’agira d’un film Netflix espagnol : La Plateforme. Ce film de Galder Gaztelu-Urrutia est une sorte d’Ovni, au scénario apparemment simple, mais dont l’interprétation est bien plus riche.

 

La Plateforme

 

A priori, nous sommes dans une dystopie dont l’histoire ne dit rien, si ce n’est qu’il y a ce que l’administration considère comme un centre de reconditionnement où l’on peut aller volontairement. Goreng (Ivan Massagué) a choisi de s’y faire enfermer pour 6 mois, une décision sur laquelle il lui est impossible de revenir. Anesthésié, il se réveille dans ce « centre » qui ressemble plus à une prison et qui d’ailleurs en fait aussi Office, puisqu’il s’y trouve des détenus. Le compagnon de cellule de Goreng en est d’ailleurs un ; Trimagasi (Zorion Eguileor) qui finira de purger sa peine dans 3 mois.

Mais cette prison a une particularité (plusieurs). D’une part les cellules sont toutes les uns au-dessous des autres et elles sont nombreuses. Il n’y a que 2 personnes par cellule / étage. Tous les mois, tous les prisonniers sont endormis et chaque duo est transféré « aléatoirement » (?) dans une autre cellule (qui sont toutes identiques) donc à un autre étage. Car c’est là le point crucial, un large trou rectangulaire perce le centre de chaque cellule et c’est par là qu’une fois par jour une plateforme descend, emplie de nourriture. Les plus hauts se nourrissant donc en premier et ainsi de suite… Donc plus on est bas et plus la probabilité de n’avoir rien à manger augmente…

 

La Plateforme

 

Voilà donc pour le principe qui va s’agrémenter d’autres éléments et personnages au fur et à mesure du film. N’oublions pas que, outre science-fiction, ce film est classé épouvante-horreur et que des scènes violentes et gores l’émaillent. À mon sens, le film ne s’arrête pas à ces scènes qui ne sont qu’un appui pour renforcer le propos.

 

Et le propos est multiple.

D’évidence on peut penser aux pays riches qui se gavent d’un excès de nourriture tandis que d’autres meurent de faim, alors qu’il serait possible de rationner pour distribuer. (Le même raisonnement peut se faire au sein d’un pays.)

La hiérarchie est aussi mise en exergue tout simplement à travers les différents niveaux et le « pouvoir » des niveaux supérieurs par rapport aux niveaux inférieurs.

Et puis une forme d’espoir en la nature humaine et la capacité à faire appel aux bons sentiments enfouis en chacun de nous (?) très vite opposé à l’égoïsme et à la survie.

 

Mais bien sûr, il y a plus et là, seule la fin permet de se poser la question sur le sens de cette histoire et de l’expérience vécue par Goreng. Il y a d’ailleurs plusieurs interprétations possibles que l’on trouve sur le net, mais aussi celle du scénariste sur Netflix.

Donc attention spoiler ; si vous n’avez pas vu le film sauter les 2 paragraphes qui suivent (coincé entre 2 photos) :

 

La Plateforme : Goreng

 

Pour ma part, il y a d’évidentes références à Don Quichotte : le look de Goreng et le fait que l’objet qu’il a choisi d’apporter est justement le Don Quichotte de Miguel De Cervantes. De là à penser que le film n’est qu’une allégorie d’un combat perdu d’avance contre un système totalitariste (les moulins à vent), il n’y a qu’un pas facile à faire.

Mais au-delà de cela, la fin nous amène à autre chose. Et si cette tour et ce gouffre représentaient l’Enfer (333 cellules de 2 prisonniers est nous avons le chiffre de la Bête). Nous ne sommes pas loin de Dante avec son enfer en cycles concentriques de plus en plus profonds et lugubres. Bref Goreng et les autres y subiraient leur pénitence, sauf que Goreng se rachète en cherchant à aider les autres au péril de sa propre vie. L’enfant symbolise alors la pureté et l’innocence regagnée qui remonte alors vers la lumière, le paradis, lieu d’abondance (niveau 0).

 

La Plateforme Niveau 0

 

Voilà pour mon interprétation.

Une bonne mise en scène, un film intelligent tout en étant prenant et des auteurs qui sont à la hauteur des rôles qui leur sont attribués. Étrange, perturbant et interrogateur.

LA PLATEFORME : un film, des interprétations.
Demain : Nos Libertés

J'ajouterai que pour les fans de Dystopies et de libertés bafouées, je vous conseille l'excellente anthologie des éditions Kelach
>> Demain : Nos Libertés.

 

Tag(s) : #Chronique Cinéma, #Netflix
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