Petit rappel des faits :
Frappé par l’assassinat de ses parents, le
richissime jeune Bruce Wayne part à travers le monde allant
jusqu’à s’entrainer dans la Ligue de l’Ombre dirigé par celui qui sera un temps
son mentor Ra’s Al Ghul.
Revenu à Gotham, aidé de son majordome Alfred Pennyworth et du génial Lucius Fox, Il prend l’identité du Batman pour purger les rues du mal.
Dans le deuxième volet de la
trilogie. Soutenu par le lieutenant Gordon et par le
procureur Harvey Dent, le Batman s’oppose au maléfique Joker (le regretté Heath
Ledger). Côté Wayne, son cœur est attiré par son
amie d’enfance Rachel qui hésite entre lui et le
procureur. Le destin tranche brutalement, Dent défiguré perd la raison et devient Double-Face qui
perdra la vie, tout comme la belle Rachel.
Afin de préserver le projet de loi de Dent pour éradiquer les malfrats de Gotham, le Batman endosse la mort de Dent, cachant sa folie. Seul Gordon est au
courant. Batman devient un hors la loi alors que Wayne est
brisé par la mort de Rachel qui pourtant avait choisi Dent ; mais cela Bruce l’ignore, épargné par Alfred qui lui cache l’information.
Et après ?
Huit ans ont passé, grâce à la loi Dent, Gotham est devenu
une ville où il fait bon vivre avec un taux de criminalité ridiculement bas.
Quant au Batman (Christian
Bale), il n’est pas réapparu depuis la mort de Dent. Bruce
Wayne s’est isolé dans son manoir se détournant du monde. Toujours pas remis de la mort de Rachel, diminué physiquement et sa société en perdition, il n’est plus qu’une ombre, une
légende urbaine, et ce malgré les injonctions du si fidèle Alfred (Michael Cane)
qui l’invite à se reconstruire une vie loin de Batman et même de Gotham.
Cependant le destin va se mêler de rappeler Wayne à la vie. Bane (Tom
Hardy), un assassin froid voir nihiliste débarque à Gotham avec un plan machiavélique pour anéantir la ville et peut-être plus. Ce plan passe par l’entreprise Wayne et va mettre sur
la route du millionnaire déchu, la belle et talentueuse voleuse Selina (Anne Hathaway)
surnommé Cat par les journaux qui fera l’erreur de voler le « fameux » collier ayant appartenu à la mère du Bruce
Le Batman doit reprendre du service pour son propre compte afin de retrouver la belle voleuse ce qui l’entrainera bien
plus loin.
Ce retour sur scène ravira Gordon (Gary Oldman)
devenu Commissaire, mais aussi le jeune et très perspicace policier John
Blake (Joseph Gordon-Levitt), deux personnages sur qui le « justicier »
masqué pourra compter.
Ajouté à cela la très belle femme d’affaire Miranda jouée par notre Marion
Cottillard est vous avez les ingrédients d’un bon film.
Bon ? Pas excellent ? Et bien non, pas Excellent… !
« Batman, the Dark Khnight : Rises » est la touche finale de la trilogie réalisée par Christopher Nolan, trilogie bien plus ancrée dans la réalité que la tétralogie (2x2) réalisée par Tim Burton puis moins bien réalisée par Joel Schumacher (si ce n’est son Robin joué par un Chris
O’Donnel parfait pour le rôle).
En tant que cerise sur le gâteau, on attendait le meilleur de cet ultime ( ?) épisode, personnellement
je le trouve un cran en-dessous des deux premiers.
Je m’explique…
L’intrigue de DKR est parfaite. A la fois intelligente,
introspective, avec un rythme certain qui laisse couler les 2h45 de film sans y paraitre et ce, sans action omniprésente (elle fait même un peu défaut dans le premier tiers du film). Sans oublier
une fin tonique avec un rebondissement inattendu (et ce malgré le quelques indices distillés durant le film – surtout sur la fin) qui relance l’intérêt et la vision globale des événements.
Bien sûr, je n’en dirai pas plus.
Les effets spéciaux sont irréprochables ainsi que la
mise en image (ouf pas de
3D, comme quoi c’est possible). La bande son est correctement dosée, laissant place à des silences oppressants (même si parfois la musique aurait bu booster certaines scènes… mais c’est un
choix entre tension vs action)
Bane
est un personnage perfide, froid et intelligent, un opposant idéal à Batman, un ennemi à la
hauteur de nos attentes. Il n’en manque pas moins la petite touche Bane, c'est-à-dire son Venin le rendant insensible et plus puissants, ainsi qu’un petit côté bestial lors des affrontements
directs. Mais il est clair, comme je l’ai dit plus haut, que Nolan tire le film vers le réel
l’expurgeant (un peu trop ?) de son côté super-héro.
Nolan
prend visiblement plaisir à développer l’univers de Batman à travers les personnages
« secondaires » à qui il donne presque le premier rôle au détriment du Batman (j’y reviendrai).
Alfred est vu en paternaliste désabusé par l’attitude destructrice de Wayne que celle-ci soit à travers le Batman ou dans sa « dépression » post épisode 2. Un homme
également rongé par le secret qu’il a bien gardé du choix de la défunte Rachel.
Gordon est lui aussi un
personnage rongé par ce nécessaire mensonge que fut l’accusation du Batman de la mort de Dent, blanchissant ce
dernier de toute folie et participant à la retraite « prématurée » du Batman. Commissaire aimant Gotham, il est prêt à sa sacrifier pour sa ville. Un homme fort, peut-être même plus que la peinture nolaniesque de Wayne.
Sélina est elle aussi ramené à
la réalité effaçant presque totalement ses attributs de Catwoman des BD, si ce n’est ses lunettes remontées sur sa tête mimant deux petits oreilles félines. Là aussi, le personnage est rongé par son passé de voleuses l’obligeant à aller plus loin pour effacer ce passé. Déterminée dans sa quête personnelle, la belle Sélina sera-t-elle prête à toutes les trahisons ?
Miranda joue les belles,
entre froideur et compréhension, elle œuvre pour l’écologie voulant enrôler dans son combat le si retiré Wayne. Un personnage qui m’a laissé
perplexe sur une bonne partie du film avant qu’elle ne prenne un peu plus de profondeur la rendant indispensable à ce film car elle aussi est rongée par son histoire.
John Blake est un personnage
concocté par Nolan, recoupant des origines et des caractéristiques de plusieurs personnages du
comics (3 en fait mais je ne dirai ni lesquels, ni en quoi pour ne pas faire de spoiler). Une combinaison intéressante respectant l’esprit du
rôle. Pour d’autres raisons, avec Sélina il fait parti de mes 2 personnages préférés de cet opus. Orphelin, lui aussi est rongé par son passé et la mort de ses parents ce qui le rapproche de Bruce. Policier investi et perspicace, sa soif de
vraie justice est le moteur principal de ses actes.
Il me reste donc à parler du Batman ou plutôt de Bruce Wayne, car clairement, c’est de Wayne qu’il est question bien plus que de Batman. Et l’on parle là du Wayne de
Nolan et de sa vision du personnage, assez éloigné du héro de comics….
Wayne est vu comme un homme torturé qui ne s’est jamais
remis de la mort brutale de ses parents tués alors qu’ils sortaient d’un cinéma (pour voir Zorro), ravivé par la mort de la belle Rachel.
Dépressif qui ne l’avoue pas (ou peu), il extériorise sa douleur dans l’action et dans le paraître du Batman. Exutoire
à sa rage et à son désespoir, Alfred résume bien la situation en disant qu’il cherche la mort. Et quand le Batman jette l’éponge pendant 8 ans c’est dans une réclusion morbide qu’il s’enferme, à peine un purgatoire.
On est loin du volontaire Bruce Wayne des Comics dont la lutte à certes démarrés dans les mêmes conditions et
sans doute aussi en défouloir, mais qui ensuite combat également pour le bien et l’extermination du banditisme à Gotham et ailleurs.
Certes dans DKR, Batman se relève pour sauver sa ville, mais n’est-ce pas qu’une illusion
cachant sa revanche contre Bane ? Un combat personnel de boxeur bien plus que celui d’un héro.
Et voilà, peut-être où le bas blesse un peu dans cette vision de Nolan : cette affaiblissement de la volonté de Bruce
Wayne qui se manifeste sous différente forme, un lâcher-prise peu représentatif du Bruce Wayne de Comics.
Lorsque l’on intègre le plan d’ensemble de Nolan et sa perception personnel, on peut passer sur ce point « annexe », cependant dans ce film j’ai été en manque d’au moins deux choses
pour le mettre à la hauteur des deux premiers
-- Je suis littéralement resté sur ma faim,
en manque de Batman. Si Bruce Wayne est là, Batman l’est beaucoup moins, même pas assez pour un « rises ». Je m’attendais à une
« explosion » du personnage masqué, mais il n’en est rien, réduit à une portion congrue à l’avantage, comme je le disais, des personnages secondaires.
Plus encore, lorsqu’il est là, il est un Batman soit
véhiculé (moto, copter), soit boxeur…, exit les gadgets, les batarangs (ok, il y en a 3), les fumigènes et autres petits trucs sortis
de sa bat-ceinture…, exit aussi sa technique de combat fluide, mystérieuse et efficace (je cogne et je cogne).
L’image ci-dessus est l’exemple de ce que vous n’aurez
pas….dommage.
-- Si la tension est présente et palpable durant tout le film, avec plus d’intensité sur la fin, elle n’est
pas non plus insoutenable (à moins vraiment que je sois passé à côté de quelque chose, ce qui n’est pas impossible). Gotham est devenue une ville normale vivant au plein jour. Peu d’obscurité, de brume et de
recoins sombres inquiétants, du coup, l’ambiance n’est pas celle de Gotham, ni celle de Batman « Dark Night », héro de la « sombre nuit ». Le mystère ne se voile presque
plus.
Voilà ce pourquoi je ne mets pas l’excellence à ce troisième volet qui se devait d’être au-dessus des deux
autres en tant que point final (même si la fin reste ouverte… j’adore dixit plus haut).
« Batman, Dark
Knight : Rises » n’en reste pas un bon film du genre mettant un terme au concept batmanien de Nolan.
A voir évidemment.