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DIVERGENTE

     « Divergente » est un film tiré des romans de Veronica Roth. Auteure américaine vivant à Chicago, durant sa première année de psychologie, elle a travaillé sur une thérapie visant à obliger les patients à affronter leurs phobies, sujet que l’on retrouve dans l’histoire.

 

     Nous sommes dans une dystopie. Il y a cent ans une guerre a ravagé le monde. La ville de Chicago en ruine a tout de même survécu se protégeant derrière de hauts murs d’une éventuelle menace (non définie dans le film). Afin d’éviter tout conflit interne la société s’est reconstruite en répartissant les individus en cinq  clans.

     Les sincères représentent la justice (qui semble pourtant inutile dans cette société ??) et qui ont l’habitude de dire toujours la vérité. Les altruistes qui oublient leur égo pour s’occuper des autres d’où leur rôle de gouvernement. Les Fraternels qui sont les cultivateurs vivent en communauté (écolo baba cool ?).  Les Audacieux, téméraires semblant être libres comme l’air et qui constituent une armée potentiel contre une menace extérieure. Et enfin les Erudits qui sont les penseurs et les scientifiques de ce Chicago post-apocalyptique restructuré.

     Ajoutons les sans-clans, rejetés par les uns ou les autres pour diverses raisons ou épreuves de sélections. Ils sont les SDF de ce monde que seuls les Altruistes aident en leur faisant la charité.

                 

     Béatrice / Tris (Shailene Woodley), fille d’Altruistes vit chichement dans son clan égalitaire tourné vers les autres avec ses parents et son frère (jumeau ?) Caleb Prior (Ansel Elgort). Tous deux atteignant l’âge de 16 ans doivent faire le choix de leur clan adulte, puisque « le clan passe avant le sang ». Un premier test (réalité virtuelle mentale) doit les aider à les orienter même si 95% sont prédéterminés par leur éducation à être « parfaitement » fait pour le clan de leurs parents. Mais Tris est différente et son test ne permet pas de déterminer sa vrai nature. Elle fait partie des rares divergents, individus pourchassés par la société (et en particulier les Erudits). Sa testeuse, Tori (Maggie Q) lui conseillera de garder le secret.

                               

     Le jour du choix, Tris décide d’appartenir aux Audacieux – choix définitif. Elle part donc aussitôt avec eux et les nouvelles recrues, en particulier les rares qui, comme elle, ont changé de clan pour rejoindre les Audacieux si fun. Ce petit groupe aura pour instructeur le séduisant Quatre (Théo James), car bien vite on comprend que derrière la façade de ce clan libre et impétueux se cache une structure militaire où le libre arbitre n’est plus aussi évident. Heureusement Tris se fera des amis en la personne de Christina (Zoë Kravitz) et bien sûr Quatre qui sera séduit par son caractère.

                               

     Une nouvelle vie difficile en soi qui va se complexifier par les machinations des Erudits dirigés par Jeanine Matthews (Kate Winslet) et son statut de Divergente qu’elle doit à tout prix dissimuler.

                               

     Le studio qui a adapté la romance vampirique Twilight, puis le bien meilleur Hunger Games continue donc dans la veine à succès commerciaux des romans pour adolescentes, même si Hunger Games et « Divergente » par l’intérêt de leur monde dystopique touchent un public plus large.

           

     Bien qu’assez convenue, la trame scénaristique de « Divergente » s’enrichit de plusieurs éléments ne rendant pas les personnages aussi caricaturaux qu’ils auraient pu l’être.

     Quatre, en sans doute très vite, n’est pas totalement en adéquation avec les principes extrêmes de son clan, incarnés en la personne d’Eric (Jai Courtney). D’autre part, lorsque le voile se lèvera sur son enfance, il gagnera en profondeur. L’acteur Théo James arrive à nous faire ressentir l’incertitude du personnage alors qu’il se révèle peu à peu face à Tris.

     Du côté des alliés potentiels de Tris, là non plus tous ne sont pas aussi lisse face à une adversité qui risque de les mettre aux bans de la société. Une compétition interne qui met leurs nerfs et leurs amitiés à rude épreuve.

                        

     Pour ce qui est de la famille, saluons le personnage de Nathalie Prior (Ashley Judd) moins caricaturale que l’Altruiste qu’elle est. Idem pour Ansel, frère de Tris, même si on aurait pu souhaiter qu’il fasse un choix différent (je ne parle pas de son clan) qui aurait pu enrichir la suite (sachant qu’il s’agit d’une trilogie).

     Marcus Eaton (Ray Stevenson), personnage a priori secondaire dans ce premier opus, chef des Altruiste et donc du gouvernement, victime de calomnies se révèle lui aussi plus intéressant qu’au premier abord.

            

     Nous n’échappons tout de même pas au beau gosse – Théo James – (qui a fait craquer ma cadette de onze ans), ni aux particularismes du genre « amour pur, surtout pas concrétisé », mais ça passe d’autant que le personnage principal est incarné par une jeune femme charmante, heureusement loin de la classe mannequin cachexique.

 

     Bien que caricaturaux, les clans – en particulier celui des Audacieux sur lequel est centré le film – dissimulent bien plus derrière la façade qu’il montre aux autres clans. Un ressort de surprises pour le spectateur.

                     

     Comme je le disais, l’histoire se laisse voir avec un certain plaisir, riche d’un dynamisme rythmé par une bande son adéquat et de nombreuses petites touches qui densifient les personnages et le monde, dons le scénario.

     Derrière le divertissement, il est possible de voir une critique de la rigidité des classes sociales ainsi qu’une réflexion sur la détermination d’un individu. Mais aussi le carcan de la société qui impose un comportement, un statut et qui fige la pensée afin d’éviter tout « divergents » qui remettraient en cause le système et l’institution grâce à une réflexion autonome. Des électrons libres bien trop dangereux !!

           

     Sans être révolutionnaire (d’autant que… cf plus loin), « Divergente », aussi bien par sa double lecture que par une histoire qui vous emporte est un film plaisant et tout public (chaque âge y verra ce qu’il veut).

     Un succès de l’opus un, mènera sans doute le studio à nous sortir la suite rapidemment, en espérant – comme pour Hunger Games – que la suite nous plonge plus dans le monde et dans la complexité des personnages pour s’envoler vers un niveau supérieur.

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     En petite bonus sur cette chronique je voudrais tout de même vous laisser un petit sujet de réflexion qui a fait grand débat chez moi (seul contre tous) quant aux similitudes que j’ai notés entre Divergente (roman publié en mai 2011) et Hunger Games (premier roman publié en sept 2008). Doit-on y voir de pures coïncidences ? Une communion d’esprit ? Des idées de l’air du temps ? Ou autre chose… d’inconscient ou de … conscient ?

 

Côté Mondes : Deux dyschronies (clairement dans l’aire du temps) se passant après une guerre assez éloignée. Deux systèmes de castes rigides (les districts / les clans) avec un force dominante totalitariste et élitiste (Le district central / les Erudits).

 

Côté Personnages : Une actrice pour Tris et une pour Katniss qui ont des physiques classiques auxquels peuvent s’identifier facilement nos adolescentes. Toutes deux amoureuses d’un mec style mannequin (Quatre et Gale même si Peeta vient troubler la donne), qui va forcément plaire à ces mêmes adolescentes. Tris comme Katniss sont issus d’un milieu social prolétarien défavorisé (même si c’est un « choix des Altruistes). Cerise sur le gâteau, Tris se fera tatouer des oiseaux (Des Geais Moqueurs ?). Peut-on faire un parallèle entre Ansel et Peeta ? Quant à Mattews (chef des Erudits), son caractère manipulateur n’est pas sans rappeler le président Snow, encore plus calculateur et perfide… mais il faut bien un « méchant » adversaire à la hauteur.

 

Côté intrigues : Les deux héroïnes vont changer de statut, découvrir une autre facette de leur monde, subir un entrainement militaire et finalement participer des épreuves finales dont dépendent leurs vies (Très clairement en ce qui concerne l’arène pour Katniss, plus dissimulé pour Tris qui, si elles échouent, se retrouvent sans clan). Toutes deux sont des électrons libres (plus vite affirmé pour Tris) qui vont remettre en cause l’organisation sans mobilité sociale de leur monde (mais là, c’est un combat littéraire vieux comme l’écriture et même avant…) et s’y opposer par les armes.

                                             

     Formatage pour un succès littéraire et cinématographique ? Laissons aux auteurs du genre le bénéfice du doute et autorisons-nous simplement (naïvement ?) à croire (espérer) en l’influence inconsciente des œuvres du moment qui s’opère sur tout créateur.

             

Tag(s) : #Chronique Cinéma
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