Après un mois d’absence après mon dernier avis sur un film, me revoilà. Il faut dire que mon emploi du temps a été bien occupé pour les éditions Kelach dont 4 sorties sont attendues d’ici le début juillet, donc moins de temps pour bloguer. Mais 4 chroniques sont à venir (4 films et 1 roman), à commencer par ces crevettes pailletées…
Matthias Le Goff (Nicolas Gob) est un champion de natation quelque peu en difficulté face à la nouvelle génération. Suite à un propos homophobe dans un instant d’irritation, il se retrouve obligé pour redorer son blason et participer au prochain championnat d’entraîner l’équipe de Water-Polo LGBT française pour les Olympiades gays. Il se retrouve donc au milieu de cette équipe des crevettes pailletées ; gays assumés avec lesquels il doit composer.
Des hommes en maillots de bain, nous en avons déjà vu en début d’année avec le Grand Bain, film excellent. Même si, ici, d’aucuns et d’aucunes trouveront sans aucun doute que les plastiques de ces messieurs sont globalement plus attrayantes, il faut bien avouer que le film n’est pas du même niveau.

La faute au scénario qui, à mon goût, n’explore pas assez les individus et leurs problèmes personnels ou d’intégrations. Certes les difficultés de chacun sont évoquées, parfois sur une seule phrase, mais elles ne sont pas approfondies pour la plupart d’entre eux. La majorité des personnages se perdent bien plus dans une quête de sexes faciles - coups d’un soir - que dans une recherche amoureuse plus sérieuse avec un paroxysme dans la boîte de nuit – piscine.
Ne connaissant pas particulièrement les milieux festifs (qu’ils soient gays ou hétéros), cette représentation superficielle ne donne pas forcément l’image la plus politiquement correcte de la communauté gay, même si je suis persuadé que la communauté festive hétéro en fait autant.

Néanmoins quelques personnages apportent un bémol à ce sentiment général qui me reste du film. En premier lieu la « défunte » relation amoureuse entre Jean (Alban Lenoir, ancien Hero Corp) et Alex (David Baiot) ou comment prémunir l’autre malgré lui et sans tenir compte de son avis. Une psychologie qui aurait mérité plus de travail tout comme le rangé Cédric (Michaël Abiteboul) déchiré entre son couple gay avec enfants « hétéro-like » et son identité de Crevette Pailleté.
Plus intéressant, mais là aussi pas suffisamment poussé dans ses retranchements, le personnage de Fred et sa transsexualité. Un très beau rôle pour Romain Brau ; une Priscillia Folle du Désert à la française dans la pudeur et finalement moins cliché que d’autres des personnages du film. Un homme devenu enfin complètement femme* mais qui reste une « licorne » comme elle l’explique de manière très intéressante et sensible dans le film. (*pour la scène finale un string ou un gommage technique aurait d’ailleurs été bienvenu pour rester dans cette idée).

Dans les ratés, la maladie de Jean est largement sous-exploitée, en tout cas, elle manque d’émotions.
Quant à l’homophobie supposée de Matthias, elle se limite à un propos sur un coup de la colère, donné par un acteur qui a souvent joué des personnages un peu rustre et sanguin (et qui plus est qui a déjà incarné un gay dans la série TV Les Bleus). Beaucoup de ses réactions sont liées plus à une certaine gêne qu’à de l’homophobie. D’ailleurs une partie des Crevettes ne considèrent pas non plus son erreur comme une réelle preuve d’homophobie. Au final, le film passe totalement à côté du sujet de ce fléau intolérable qu’est l’homophobie. La scène dans la station essence qui est la plus parlante de ce racisme reste très faible. Très dommage d’autant que Joël (Roland Menou) a été activiste.

Au final, si le film n’est pas déplaisant, avec une belle ambiance festive, à trop se concentrer sur un ensemble, il n’explore pas assez les personnalités, leurs soucis, leurs désillusions, leurs espoirs, le tout en relation avec le fait qu’ils soit gays. Ces introspections m’ont vraiment manqué d’où ma note mitigée.
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