En décembre 2018 nous avions droit au gigantesque Bohemian Rhapsody sur Freddy Mercury, ce printemps, nous avons Rocketman sur le nom moins magistral Elton John, même si le film est légèrement en dessous du premier cité.
Rocketman nous raconte par une série de flash-back et quelques morceaux chantés, la jeunesse d’Elton John, son explosion fulgurante comme star, mais aussi sa déchéance dans l’alcool, la drogue et le sexe jusqu’à sa prise de conscience et son retour.

Bien loin de la construction linéaire et classique de Bohemina Rhapsody, le réalisateur Dexter Fletcher amorce le film par la rentrée volontaire d’Elton John en cure de désintoxication. Chaque retour à cette séance sera évolutif, montrant l’homme qui se dévoile tout comme il quitte peu à peu sa défroque d’artiste excentrique. Entre chaque passage nous repartons dans le passé, progressant pas à pas par de grandes étapes symboliques de sa vie.

Ainsi nous découvrons l’enfance très peu heureuse d’Elton John auprès de parents (Belle prestation de Bryce Dallas Howard) qui ne le désiraient pas ; enfance « sauvée » par l’amour d’une grand-mère bienveillante et du don d’Elton John pour la musique. Monsieur et futur « Sir » a l’oreille absolue, capable de rejouer un morceau simplement entendu. Il s’avérera aussi très vite un compositeur « inné » de génie et un véritable showman.

Sa rencontre avec l’auteur de ses textes ne tient pas à grand-chose à bien y regarder, le pur hasard d’un courrier tiré au sort. C’est ainsi qu’il rencontrera Bernie Taupin (Jamie Bell excellent) auquel il restera fidèle toute sa vie, malgré de rares tensions. Une belle et véritable amitié.

À l’instar de Freddy Mercury, celui qui a décidé de se faire appeler Elton John (de John Lennon) va devenir une star solitaire, en mal de reconnaissance de ses parents, en mal d’amour et utilisé par un agent sans scrupules, John Reid (Richard Madden, le Rob Starr de GOT). Cette partie de sa vie et l’émotion qui s’en dégage sont parfaitement rendues, me faisant clairement penser à la solitude d’une autre grande star dont je connais mieux la vie : Michael Jackson. La partition jouée par Taron Egerton est si forte et si réaliste que j’ai vraiment été chamboulé par cette détresse avec des moments très forts comme sa rencontre avec son père alors qu’il est devenu star.

Si l’homosexualité et le coming-out évident d’Elton John sont présents, elle n’est pas le cœur du film tout comme ses addictions qui sont traitées mais pas surexploitées. C'est bien l'homme qui est central au projet.
Ajoutons à la qualité d’acteur de Taron Egerton entre légèretés, folie et désespoirs, sa prouesse vocale puisqu’il reprend lui-même les chansons incluses dans le film qui servent à interpréter certaines scènes. En effet plusieurs séquences sont tournées façon « comédie musicale » avec chorégraphies et mise en scène d’une partie de la vie d’Elton John ou de ses émotions à partir même de ces textes qui reflètent son parcours même si ce n’est pas lui qui les a écrits. Un véritable plus que j’ai très apprécié, mettant en relation l’œuvre et la vie du personnage.

Plus modéré, et certainement plus lent que Bohemian Rhapsody, Rocketman n’en est pas moins magnifique. Un récit fort sur la vie d’un homme qui se cachait derrière ses lunettes et ses défroques exubérantes.