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ONCE UPON A TIME... IN HOLLYWOOD, un Tarentino à double entrée.

Pour son neuvième film Quentin Tarentino scénarise et réalise un film entre fiction et réalité.

 

Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) & Cliff Booth (Brad Pitt)

 

Côté fiction, il invente deux personnages : Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), ancien acteur principale d’une série western de 3 saisons et sa doublure cascade Cliff Booth (Brad Pitt). Nous sommes dans les années 70, la série est close et Rick n’a plus guère que des rôles de vilains non-récurrents dans de nouvelles séries ; une manière de passer le flambeau à de jeunes vedettes comme l’expliquera très bien Marvin Shwarz (Al Pacino) qui le verrait bien dans des westerns « spaghetti » italien. Bref un acteur sur le déclin dont sa doublure et ami lui sert d’homme à tout faire, dont chauffeur. Ce dernier fera la connaissance d’une communauté « hippie » par l’intermédiaire de la jolie et bien jeune Cat (Margaret Qualley). Sur les hauts d’Hollywood, Rick est voisin de Roman Polanski (Rafal Zawierucha) et de son épouse, l’actrice Sharon Tate (Margot Robbie) ; ce qui finira par avoir son importance.

 

Sharon Tate (Margot Robbie)

 

Côté réalité, il nous plonge dans les événements tragiques qui ont vraiment eu lieu à cette époque, car de fait, même si cela n’est pas dit dans le film (et je ne l’ai découvert qu’après coup), la fameuse communauté « hippie » suscité n’est autre que la tristement célèbre secte créé Charles Manson (Damon Herriman) qui ne fait qu’une très très brève apparition dans le film (sans que son nom soit mentionné). On verra d’avantage son bras droit Tex (Austin Butier) et les femmes du clan. Si à travers sa fiction Quentin Tarentino détourne les faits tragiques qui ont eu réellement lieu, il n’en reste pas moins le propos et la violence (même si elle est bien plus concentrée et brève que dans ses autres films).

 

Charles Manson (Damon Herriman)

 

 

Bien entendu la patte Tarentino se retrouve dans Once upon a time… in Hollywood, aussi bien sur le plan scénaristique que sur la manière de filmée.

 

Outre le côté rétro - année 70 - très bien rendu qu’il semble affectionner (ainsi que le Far-West), nous retrouvons ses plans introspections des personnages avec caméra centrée sur eux, quelques chaussures bien sûr, et une esthétique qui lui est propre. Rien à redire sur la réalisation, ni sur la bande son (seventies forcément) qu’il travaille toujours avec soin.

Comme souvent avec Tarentino, le scénario s’attache à plusieurs personnages, dont le lien n’est pas toujours immédiat et même ici très tenu. De fait la mise en scène entretien la séparation entre les personnages de fictions et ceux de la réalité des événements qu’il exploite.

 

Once upon in... Hollywood - Al Pacino

 

Là encore, Tarentino s’attache à ses personnages et à leur personnalité. Si Cliff a quelque chose du beau gosse héroïque, Rick en est loin même si c’est lui l’acteur et non la doublure (un classique de rendre celui dans l’ombre mieux que l’original). C’est un personnage assez pathétique, plutôt condescendant, un brin dépressif et qui a tendance à rester dans l’idée de sa gloire qui pourtant est passée. Si Sharon Tate n’est pas inintéressante, son personnage reste peu approfondi.

 

Bruce Lee (Mike Moh)

 

De même un Tarentino ne serait pas un Tarentino sans quelques scènes vouées à devenir culte. Tout comme nous avions la scène de la cagoule dans Django Unchained, nous avons ici la confrontation entre Bruce Lee (Mike Moh) alors acteur dans le Frelon Vert et Cliff. Un ravissement de dérision et d’humour. Mais aussi la discussion entre Trudie (Julia Butters) et Rick. Steve MacQueen (Damian Lewis) fait également une apparition, clin d’œil évidemment à la série tournée par Rick qui a tout de la série Au Nom de la Loi (pour le plus anciens d’entre nous).

 

Au Nom de la Loi : Steve McQueen
Au Nom de la Loi : Steve McQueen

 

Evidemment la violence et même l’hyperviolence est incontournable chez Tarentino. Mais, cette fois, elle se limite pour l’essentiel à une scène et comme toujours elle est décalée ici par l’humour qui vient – heureusement – « alléger » la séquence et soulager le spectateur.

L’histoire se construit peu à peu, sans précipitation pour aboutir à sa conclusion. Sans doute moins dans l’action que les 8 autres films de Tarentino, les 2h47 du film sont passés sans en avoir l’air.

 

Est-il utile de dire que le scénariste s’est entouré d’acteurs briants ? Leonardo DiCaprio – à mon avis l’un des meilleurs acteurs américains actuels – a le plaisir de pouvoir incarner plusieurs rôles celui de Rick, mais aussi celui des rôles qu’il joue dont ce cow-bow dans son bar… là aussi une scène sublime et une nouvelle prouesse d’acteur. Brad Pitt a moins de palette à exploiter, mais lui aussi est plus que bon dans ce personnage jovial et prenant la vie comme elle vient, mais bien plus réaliste que Rick sur leur situation. Rien à dire sur le panel des acteurs et actrices qui les entoure avec une mention spéciale pour la jeune Julia Butters.

 

Julia Butters

 

Mais comme je le disais, le film a 2 lectures : l’agréable divertissement et le rappel de faits dramatiques, même si le scénariste les détourne. Je n’ai donc découvert ce second volet qu’après avoir vu le film, ce qui est peut-être mieux car on ne s’attend donc à rien en particulier et on ne peut pas être déçu par la liberté que Tarentino prend sur les actes et conséquences de la secte de Charles Manson.

 

Charles Manson (1934-2017)

 

Relecture donc du film a posteriori avec l’aide - entre autres - du dossier fait par Allocine que je vous invite à lire après le film (cela vous évitera quelques divulgachages). Si cela permet d’en apprendre plus sur George Spahn (Bruce Dern) ou James Stacy (Timothy Olyphant), c’est surtout les « gentils » hippies qui se dévoilent sous un nouveau jour. Leur méfiance voir leur agressivité vis-à-vis de Cliff s’expliquent mieux. Nous imaginons le destin des deux cavaliers en visite alors qu’il n’est pas montré à l’écran et découvrons la destinée réelle de Sharon Tate, divergente de celle du film. L’effet sous hallucinogène haineux de Tex et ses compagnes de « sortie » à la fin prend également une autre ampleur. La réalité devient alors plus effrayante que la fiction.

 

le clan Manson

 

Au final, un bon film et un bon Tarentino, bien meilleur que son précédent, les huit Salopards qui après un premier temps d’introspections et d’intrigues partait dans de la tuerie sans intérêt.

A voir absolument.

Tag(s) : #Chronique Cinéma
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