Schizophrénia

5 Mars 2025

La schizophrénie est un fardeau pour ceux qui la vivent, comme elle est un supplice pour ceux qui la subissent ! La plupart du temps, les personnes atteintes de ce trouble de santé mentale n'en sont malheureusement pas conscientes. Même accompagnées de leurs proches, elles n'arrivent pas forcément à distinguer la réalité de la fiction, jusqu'au point de s'enfermer dans leur imaginaire, en oubliant toute rationalité et en se noyant dans leur monde fictif.

Ce recueil de nouvelles évoque certes la schizophrénie, mais aussi ces petits étrangetés et dérangements qui peuvent hanter chacun d’entre nous à un moment ou à une autre. L’auteur nous invite à suivre les états d’âme de ses différentes protagonistes à travers des nouvelles courtes et d’autres chapitrées.

Il joue avec nos nerfs et les faux semblants, nous mettant en lieu et place du schizophrène à plusieurs reprises comme dans « Le balafré ». Nous percevons alors la réalité par leurs yeux et ne démêlons le vrai du faux qu’à la chute de la nouvelle. Bien qu’inconfortable, cette position est intrigante et non dénuée d’intérêts.

« Dans la bulle » qui introduit l’anthologie, l’auteur fait résonner la peur de l’incompréhension et de l’incertitude quant au réel à nous faire douter nous-mêmes à l’instar de ses personnages. La peur est d’ailleurs un sentiment interne puissant que l’on retrouvera à plusieurs reprises sous une forme ou une autre qui apportent un suspens agréable à plusieurs de ces récits.

Loin des personnes souffrant de pathologies mentales, il nous expose aussi à des interrogations angoissantes, à la limite de la raison et de la coïncidence. Comme dans « Dans le mille ». Qui ne s’est jamais posé la question de Vincent ?

J’aurai deux petits bémols. Certes, les fins ouvertes sont agréables, mais Y. Raoul en use peut-être un peu trop, nous laissant parfois sur notre faim, sans un couperet final potentiellement sanglant. Je trouve également qu’il use trop de chapitres courts, se réduisant souvent à une seule phrase (très notable dans la première nouvelle). Évidemment, cela donne du rythme et parfois dénote l’état d’esprit du personnage, mais certains passages mériteraient, à mon goût, plus de fluidité, donc de continuité.

Une lecture intéressante et parfois flippante.