/image%2F0552540%2F20250511%2Fob_82536b_quatrieme.png)
Pierre de Belleville est, dans le monde de l'Art, ce qu'il conviendrait d'appeler une sommité : peintre, sculpteur, décorateur, organisateur de festivités grandioses, précurseur de toutes les modes, il a marqué les trente dernières années de sa géniale empreinte sur tous les tableaux. La critique l'encense, les officiels se battent pour obtenir ses faveurs, les jeunes créateurs l'adulent comme un dieu vivant... Pourtant, tout cela pourrait bien être réduit à néant par la Mort, la Faucheuse, toujours à l'affût d'un fil à trancher, fut-il celui de l'illustre Pierre de Belleville ! Confronté à sa fin prochaine, l'esprit fécond et tourmenté du créateur commence à former les contours de son grand-oeuvre, le monument à sa gloire qu'il entend bien laisser à la postérité...
/image%2F0552540%2F20250511%2Fob_f22c75_mon-avis-3-5.png)
Un récit inattendu ou plutôt auquel je ne m’attendais pas. J’imaginais des parfums utilisés pour influencer les sentiments des personnes, créés via une sorte d’alchimie scientifique. Et bien pas du tout, j’ai donc été un peu surpris, voir déçu au début, mais très vite l’histoire se dessine et m’a agrippé dans son parfum.
Si l’histoire à un côté sombre ne serait-ce que par le sujet abordé qu’est la mort et la continuité de « l’existence » au-delà de cette fin, le ton est léger et teinté d’humour. Le récit se lit donc aisément et nous suivons les déboires de ce pauvre Pierre de Belleville et de son invention.
Son but est de perpétrer l’esprit et la personnalité d’un mort à travers un parfum qui lui serait propre et persistant. Le procédé révolutionnaire va secouer les traditions et en bouleverser plus d’un, mais Pierre sait s’entourer.
Pierre est un insupportable prétentieux fortuné qui ne fait que peu de cas des autres et ne suit que ses propres ambitions égocentriques. Cependant il a un petit quelque chose qui le rend attachant, peut-être les problèmes qu’il enchaîne. Ajoutons qu’il est intelligent et a une bonne capacité de contrôle.
Le parfum inventé par l’autrice est une belle trouvaille. Elle reprend le thème récurrent de l’individu (mot imparfait mais qui évite de trop vous divulgacher), mais le traite à sa manière. Elle nous distille avec une judicieuse parcimonie la progression de l’intrigue et nous cherchons au même rythme que Pierre à comprendre le fin mot de l’histoire.
Comme je l’attendais (et l’espérais), l’histoire dérive peu à peu vers le paranormal, même si ce n’est pas le cœur du roman. Une touche maîtrisée et cohérente.
La tout fin manque de clarté, en tout cas pour moi qui aime bien avoir des réponses précises. Bien sûr, plusieurs suppositions sont possibles et chacun optera pour celle de son choix…
J’ai apprécié les personnages de Danny et de Samuel Benouna qui sont clairement dérivés de figures connues. Le traitement que Stéphanie Albin impose à Benouna m’a d’ailleurs ravi.
Un point qui fâche un peu, c’est la couverture. D’une part, elle ne me semble pas en adéquation suffisante avec l’histoire : la femme est loin de me faire penser à la veuve de Danny. Quant à l’atmosphère, elle est plus « magique » et forestière que le roman ne l’est. Et d’autre part, surtout devrais-je dire, elle est générée par IA, au mépris des illustrateurs. Même si ça ne remet aucunement la qualité de l’autrice, j’ai vraiment du mal avec cela.
Au global, une histoire intéressante qui développe et pousse dans ses retranchements une idée originale.
/image%2F0552540%2F20250511%2Fob_80d34e_fiche.png)
Eau d’eux.
Auteur : Stéphanie ALBIN
Éditions : BoD (auto-édition)
Couverture : par Midjourney (AI)
Publication : mai 2024
Imprimé en Allemagne
Pages : 220
Prix : 16 €