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À VIVRE AVEC, un roman sensible.

 À vivre avec est le premier - et sans nul doute pas le dernier – roman d’une jeune autrice dénommée Alice Posière. Comme vous allez pouvoir le constater, il s’agit là d’une histoire très éloignée de mes rivages habituels de lecture plutôt fantasy et SF. Mais il m’arrive quelques incartades vers d’autres îles. C’est le cas ici.

 

Victoire a cessé de parler depuis trois, depuis la mort de son meilleur ami et sa rentrée à la FAC de droit, seule dans son propre studio, est une nouvelle épreuve à affronter. Plus que l’inconnu, c’est la foule et les autres qui sont une menace pour elle, la peur de revivre un drame ne la pousse pas à se créer de nouvelles amitiés. Pourtant elle sera bien obligée de croiser d’autres étudiants, dont le taciturne Isaac, lui aussi victime d’un événement douloureux qui a brisé ses liens avec sa mère. Et puis, il y aura le bavard Oscar, une véritable pipelette, mais potentiellement un rayon de soleil malgré une épreuve familiale en cours. Ces trois jeunes adultes en désarroi et en quête de vie et d’espoir vont-ils être capables de s’apprivoiser et de se relever. Tel est l’enjeu posé dès la quatrième de couverture de À vivre avec.

 

Sans être d’une écriture riche, l’autrice maîtrise son texte. Elle le rend direct et agréable à lire, malgré le sujet difficile qu’est la reconstruction d’un adolescent brisé d’une manière ou d’une autre.
Elle fait le choix judicieux de changer de point de vue. Les différents acteurs de l’histoire, qu’ils soient vivants, morts ou fantasmatiques sont mis en avant à leur tour afin d’explorer judicieusement les événements passés, mais aussi les pensées et sentiments des uns et des autres. Wilson, le doudou de Victoire incarne parfaitement la jeune femme qui se bat intérieurement pour se relever tel un contrepoids à la peur qui peut la tétaniser. Quant aux interventions de l’ami défunt exclusivement pour le lecteur, elles relatent les tristes événements, mais attachent également Victoire à ceux-ci comme pour la retenir et nous faire comprendre ce qui emprisonne et empoisonne son être. L’ensemble m’a vraiment permis de toucher du doigt la déchirure de Victoire et sa dichotomie enracinée dans la mort, mais avec l’espoir de se tourner à nouveau vers la vie.

Isaac qui se développe un peu plus tard dans le roman est tout aussi touchant. L’autrice le dit bien à sa manière plus subtile que la mienne ici : un homme reste toujours l’enfant de ses parents avec les fragilités pouvant en découler. Un adage encore plus vrai qu’un garçon de dix-huit ans, entre deux âges de la vie. Belle émotion que ce garçon fragilisé qui en tant qu’homme se sent l’obligation de cacher sa blessure et ses failles.

Le drame d’Oscar est bien moins évoqué, pas assez selon moi. On le devine vers la fin autour d’une ou deux phrases et son grattage compulsif n’est finalement que validé par la quatrième de couverture. Néanmoins, il est puissant, il est pour moi le Sam Gamegie (voir le Seigneur des Anneaux) du récit, en plus solaire. J’aurai bien aimé avoir un ami tel que lui à mon adolescence, même si j’ai eu quelques bons amis que j’ai gardés, mais à qui je n’ai pas su me confier.

 

Eh oui, ce livre me parle d’autant plus que j’ai vécu également quelques desiderata dans ma jeunesse et que certains des sentiments présentés dans ce roman, en particulier un certain désespoir, je les ai ressentis presque jusqu’au drame. Aussi puis-je me permettre de trouver À vivre avec plutôt pertinent sur les difficultés rencontrées par Victoire ou Isaac de s’exprimer et de se relever, mais aussi de se (re)-trouver.

Une sensibilité de l’autrice qui m’interroge sur ce qu’elle a pu vivre elle-même. Quel auteur ne met pas de lui dans ses récits et dans ses personnages ? Quel auteur ne régurgite pas une affreuse bourre de vécu pour enfin l’exprimer et s’en libérer dans un ouvrage ? Pas tous certes, mais l’ayant fait – et le faisant encore – mon interrogation me semble légitime. Quel que soit ce douloureux vécu d’Alice Posière, j’espère que ses mots ont pu atténuer ses maux.

 

Si ce livre est plutôt destiné à un public ado ou jeune adulte comme on doit dire maintenant, il séduira sans aucun doute aussi les adultes. Indiqué sur certains sites à partir de 12 ans, il me semble judicieux de le laisser entre des mains ayant acquis une certaine maturité. L’autrice nous en avertit d’ailleurs en avant-propos.

 

Je vous le conseille vivement.  

À vivre avec d'Alice Posière.
Tome unique.
Éditions Scrineo (imprimé en France)
327 pages - 17,90 €

 

À VIVRE AVEC, un roman sensible.
Tag(s) : #Chronique Littérature
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