L'historien Yuval Noah Harari nous donne sa vision de l'évolution de l'humanité, et des moteurs de cette progression au cours des 70 000 ans qui nous sépare de l'époque où Homo sapiens a commencé à se structurer.
Ainsi, il évoque plusieurs "révolutions" dans notre manière de penser et de structurer notre société, son économie et ses philosophies / croyances.
La première est la révolution cognitive durant laquelle l'homme est passé de la pure utilisation matériel de son environnement à la capacité de projeter ses pensées et de construire des structures ou des relations imaginaires. Naissance du groupe, des formes éthérées de dieux (même s'ils étaient animistes), de croyances et bien plus tard d'objets économiques telles les sociétés anonymes (qui n'ont d’existence que sur le papier) ou même l'argent.
La deuxième est la révolution agricole qui nous a fait passé d'un état de chasseur-cueilleurs nomades a celui d’agriculteurs sédentaires créant la notion de possession personnel. Selon Harari,nous y avons largement perdu au change en tout cas en ce qui concerne notre bien être; un point de vue qui se discute largement à mon sens.
Puis, il décrypte pertinemment les moteurs de notre évolution et plus particulièrement celui de notre unification en une humanité. Trois piliers détermineraient celle-ci : l'argent (qui contrairement au troc permet l'accord d'un grand nombre de personnes), la conquête impérialiste qui unit les différences culturels (soit en les fusionnant, soit en les détruisant) et bien sûr la religion qui fait disparaître les dieux locaux au profit d'une foi à même d'unir de vastes groupes (et aussi d’entraîner des conflits entre ses différents groupes faut-il ajouter puisque avec le monothéisme vient l’intolérance comme il le fait remarquer).
Enfin vient la révolution scientifique qui lie étroitement le progrès à l'argent. La science et les découvertes a besoin de fonds pour se développer, mais induit également un retour possible sur investissement (tels les explorateurs du XV et XVI siècles apportant terres et routes commerciales à leurs suzerain). Dans le même temps, l'auteur apporte un décryptage intéressant du capitalisme dont le credo originel pour son bon fonctionnement se résume à augmenter la richesse globale disponible pour l'humanité par l'intermédiaire su réinvestissement. Il justifie au passage qu'il y ait des riches et des pauvres et la nécessité des prêts et du système boursier dans cette même optique. Là aussi, il pourrait y avoir débat, même si ses explications semblent cohérentes.
Il s'achemine vers la fin de son ouvrage en pointant du doigt certains travers de notre société dont l'exploitation des animaux qui ne sont plus qu'un rouage dans la mécanique de nos besoins, mais aussi la notion de bonheur. Notre ressenti du bonheur serait propre à chacun d'entre nous via nos hormones (globalement vrai, mais il oublie aussi le vécu et épigénétique adaptative) qui ne serait influencé que ponctuellement par les événements que l'ont subis, même graves (pas sur qu'une personne victime d'un attentat ou d'un viol ne voit pas son capital bonheur entamé à vie). Au final, dans notre société moderne qui a délité les cercles proches (familiaux pour le plus proche) pour les remplacer par le fait d'appartenir à un groupe telle une nation, une religion ou un réseau de consommateurs (il critique judicieusement le consumérisme), nous serions certainement moins heureux qu'à notre état de chasseurs-cueilleurs.
Il termine sur la métahumanité envisageable du futur (génétique, cybernétique, informatique) en un chapitre qui relève plus d'une transition vers sa conclusion que l'homme risque de devenir un Dieu avant d'en avoir la conscience, plutôt qu'une analyses en profondeur de ces avancés technologiques et éthiquement contestables.
Un livre nettement intéressent qui bénéficie d'une écriture claire et didactique. Une vulgarisation appuyée d'exemples qui met une les explications et opinions de Harari à la portée du plus grand nombre. Je reprocherai quelques répétitions inutiles dans certaines de ces analyses, allongeant inutilement le texte.
A découvrir pour comprendre un peu mieux le monde.